Juin 2010
Nota. En raison de leurs particularités et de leurs multiples mécanismes, les régimes hyperprotéinés demandent une analyse particulière.
Les arguments en faveur des régimes hyperprotéinés
Ceux qui encouragent ces régimes ont des arguments intéressants :
Nous ne sommes pas génétiquement programmés pour consommer une alimentation riche en glucides. Comme nos ancêtres du Paléolithique, nous avons des gènes de chasseurs-cueilleurs et nous sommes faits pour une alimentation riche en protéines et pauvres en glucides.
Les recommandations visant à réduire la part des lipides dans l’alimentation et à augmenter celle des glucides, favorisent la prise de poids.
Le régime riche en protéines et pauvre en glucides est conçu pour maximiser la production de glucagon (hormone hyperglycémiante) et réduire celle d’insuline (hormone hypoglycémiante), ce qui permet de rétablir cet équilibre essentiel entre les deux hormones métaboliques.
Cela a une action régulatrice sur l’hyper-insulinémie et favorise la régulation du poids. En effet, l’excès d’insuline encourage les reins à retenir le sel et les fluides, stimule la production de cholestérol et de triglycérides et épaissit la partie musculaire des parois artérielles, ce qui accroît la pression du sang et donc la tension. L’excès d’insuline envoie aussi un message aux adipocytes : il réduit le métabolisme basal, convertit les graisses alimentaires en graisse de réserve et décourage leur utilisation comme source d’énergie.
Les régimes hyperprotéinés favorisent la sensation de satiété.
L’assimilation des protéines entraîne une forte dépense calorique.
Le régime hyperprotéiné favorise la cétose. C’est-à-dire que l’on utilise la graisse comme carburant. Les corps cétoniques ne sont pas un poison, mais un stade intermédiaire du métabolisme des lipides. Les corps cétoniques sont un carburant respiratoire et une source d’énergie quantitative importante. Si la cétose se traduit par une mauvaise haleine (odeur d’acétone), buvez davantage d’eau recommandent certains. Les corps cétoniques seront évacués dans les urines, plutôt que par les poumons.
En raison de la justesse de certains arguments évoqués précédemment en faveur du régime à base de protéines, il nous semble bon d’avoir un jugement particulièrement équilibré et précis à son propos.
Dans les faits, on note certains problèmes à propos des régimes hyperprotéinés. En effet, il existe différentes variantes de ce régime qu’il est nécessaire de connaître.
Le régime hyperprotéiné à base de sachet est composé de poudre. Ce conditionnement du produit ne répond pas vraiment aux besoins des sens visuels, tactiles, olfactifs et gustatifs stimulés avec une alimentation normale. À plusieurs reprises, on a observé que la consommation de protéines en poudre sur de longue période, favorise des crises de boulimie. De plus, il semble que la qualité de ces produits soit très inégale selon les marques tant sur le plan de la concentration en acide aminé essentiel que sur le plan de leur valeur calorique en protéine.
L’absence de fibres de ces produits, favorise la constipation, des troubles digestifs, le manque de satiété apporté par le faible volume alimentaire, et une assimilation exagérée de tous les aliments ingérés.
Il existe aussi :
Le régime hyperprotéiné qui autorise 30 grammes de glucides par jour. Le régime hyperprotéiné qui supprime totalement les sources de glucides. Le régime hyperprotéiné qui supprime totalement les sources de glucides ainsi que les sources de lipides avec apport de certains légumes.
D’autres encore autorisent les fruits pendant la première phase du régime.
À ces variantes, d’autres éléments sont à prendre en compte. En effet pour les régimes hyperprotéinés dont l’origine est les produits animaux (viande, poisson, œuf), des différences peuvent apparaître pour des raisons économiques. En effet certaines personnes ayant des difficultés financières ne pourront pas forcément s’offrir régulièrement du poisson et de la viande de qualité…
Certaines personnes éprouvent une réelle saturation à s’alimenter de la sorte au bout de quelques mois. On ne peut aussi passer sous silence, la concentration en molécules plus ou moins nocives que l’on peut emmagasiner en optant de préférence pour les protéines animales, même sur une période limitée (médicaments, hormones de synthèse, antibiotiques, etc. inhérents à l’élevage de ces animaux). Et lorsqu’il s’agit de poissons sauvages, la concentration en mercure, en PCB et autre polluant résidant dans la mer ou les rivières, peuvent se concentrer dans notre organisme lors d’une augmentation de la consommation de ces produits. L’intérêt d’une alimentation variée permet d’être moins pénaliser par toute cette pollution propre aux protéines animales (viande, poisson, fruit de mer) ; qu’il s’agisse de produits d’élevage ou sauvage.
Le régime hyperprotéiné présente certains avantages. Mais il faut savoir que cette alimentation n’est pas dénuée de défauts comme on vient de le voir. De plus, il en existe plusieurs déclinaisons dont les effets sont différents.
Certains régimes hyperprotéinés bénéficient d’un cadre bien étudié avec des périodes de consolidation pour éviter la reprise de poids. Cependant si la personne qui le suit n’a aucune idée des raisons pour lesquelles elle a pris du poids, elle pourra par méconnaissance et en toute inconscience réitérer ses anciennes habitudes et ainsi reprendre les kilos perdus. Il semble que l’accent doit être porté sur la notion de qualité alimentaire, indispensable pour pérenniser les bienfaits d’un régime amincissant.
Dans le régime hyperprotéiné, on privilégie une classe alimentaire (les protéines), et on freine au maximum l’apport de glucide, voire on la supprime complètement. C’est une variante du régime hypocalorique.
D’une part il y a une source d’énergie ou de calories en moins et donc on maigrit.
D’autre part, l’absence de sucre dans ce régime, comme dans le régime dissocié, peut contribuer à freiner l’assimilation des protéines et de lipides, et donc participe à l’amaigrissement.
L’intérêt du régime hyperprotéiné, est qu’il permet de perdre du poids très rapidement. Par contre il pourra occasionner différents troubles de santé à long terme. Lorsque ce régime est pratiqué sur une courte période soit quelques semaines, en raison du peu de poids à perdre, cela n’occasionnera pas en général de problème.
Par contre lorsqu’une personne ayant un excédent de poids considérable lui demandant une période allant de 6 mois à un an ou plus pour se débarrasser du surplus pondéral, alors certains problèmes pourront apparaître en relation avec le manque de corps gras (pour certaines variantes), le manque de polysaccharides (sucres complexes) jouant un rôle important au niveau du système immunitaire.
Défaut du régime hyperprotéiné
Ce qui est regrettable dans ce régime, c’est l’absence d’association glucide-protide, qui va freiner l’assimilation correcte de ces dernières. En effet, en l’absence de sucre, les protéines sont transformées en partie, sous l’action de la néoglycogénèse hépatique, en glycogène (sucre de réserve du foie).
D’autre part, l’apport important de protéines favorise un excès de déchets azotés : acide urique, urée, etc., qui peut, à la longue, léser les reins (encrassement articulaire, goutte). Boire beaucoup d’eau tend à diminuer le taux d’acide urique et d’urée dans le sang, mais jusqu’à une certaine limite. Boire trop de liquide et néfaste à l’organisme. Cela peut mettre à rude épreuve le cœur et les reins, et en cas d’insuffisance de ces organes, favoriser les œdèmes, la cellulite et la prise de poids.
Nota. Voici un article publié dans la revue Pratiques de santé concernant les régimes hyperprotéinés : « Les régimes protéinés, ce n’est vraiment pas ça ! Si elle était fortement suspectée, la toxicité de ces régimes hyperprotéinés, n’avait pas été réellement étudiée jusqu’à ce jour. C’est chose faite aujourd’hui. En soumettant une population de souris à un régime enrichi en protéines et carencé en glucides lents, on a observé une accélération fulgurante du vieillissement artériel (en moins de trois mois) sans constater pour autant une altération du bilan biologique régulièrement pratiqué en vue d’apprécier les risques cardio-vasculaires : cholestérol, triglycérides, glycémie s’améliorent même ! Autrement dit, suivre un régime hyperprotéiné expose à une augmentation du risque d’infarctus ou d’accident cérébral, alors que les examens de laboratoire induisent un sentiment de sécurité ! Une autre façon de mourir guéri ! »
Selon le journaliste scientifique Thierry Souccar (Santé, mensonges et propagande), les régimes hyperprotéinés favorisent à la longue, la diminution de l’hormone T3 (Triiodothyronine). Cette hormone, lorsqu’elle fonctionne bien contribue à augmenter la consommation d’oxygène et la production de chaleur : c’est le fameux taux métabolique de bas (BMR) qui permet de brûler des calories, même au repos et donc contribue à éviter la surcharge pondérale. La diminution de T3 favorise la prise de poids et l’obésité. L’obésité favorise la diminution de la T3. Tout cela constitue un cercle vicieux dans lequel il vaut mieux éviter de rentrer. La consommation de protéines comme les poissons, crustacés et fruits de mer est favorable à la synthèse de la T3. Par contre l’excès de protéines en général lui est néfaste. Tout dans la vie est une question d’équilibre.
L’absence totale de glucides sous forme d’amidons et de céréales, souvent associée au régime hyperprotéiné, peut contribuer à déséquilibrer la flore intestinale.
Nota. À propos des polysaccharides. L’insuffisance de l’alimentation en polysaccharides fait partie des raisons nutritionnelles majeures impliquées dans le développement des déficiences immunitaires actuelles, tant chez les enfants que chez les adultes. En effet, notre alimentation occidentale comporte trop de sucres à chaînes courtes (glucose en excès), ce qui affaiblit notre système immunitaire. Dans le même temps, notre alimentation est trop pauvre en polysaccharides (éliminés par les produits raffinés).
En effet, les immunologues se penchent depuis plusieurs années sur le rôle déterminant que jouent les sucres complexes, aussi appelés « polysaccharides » dans les défenses immunitaires.
Les polysaccharides activent des réponses immunitaires-clés : ils contrôlent les principales matières premières que le foie utilise pour les transformer en macromolécules déterminantes pour le système immunitaire. Les anticorps (ou immunoglobulines) sont fabriqués à partir d’un mariage de polysaccharides et d’acides aminés.
Voici différentes sources de polysaccharides : champignons sauvages algues, céréales complètes, légumineuses, pommes de terre (fécule), manioc, ignames, rhizomes des taros, amidon, cellulose, fibres alimentaires, etc.
Certains régimes hyperprotéinés, pour accélérer encore plus leur effet amaigrissant associent en plus une « chasse au corps gras », en éliminant au maximum les sources de graisses et de lipides tous azimuts. Malheureusement cela va engendrer des conséquences néfastes sur la santé, à moyen ou long terme. Dans un premier temps l’organisme va puiser dans ses propres réserves le manque de protéines, lipides, vitamines, etc., et ainsi les effets du régime seront en partie masqués ou réduits et passeront inaperçus. Par contre lorsqu’il n’y aura plus de réserves, alors l’organisme souffrira de carence dont les conséquences seront multiples et variées telles que la chute des hormones comme les : œstrogènes, progestérone, testostérone, DHEA, etc., avec leurs cortèges de conséquences qui peuvent être gravissimes dans certains cas.
Nota. À propos des protéines.
Outre les problèmes que peuvent occasionner les régimes hyperprotéinés dont nous venons de parler, il est intéressant d’attirer l’attention, sur un autre aspect qui concerne la viande. À ce propos je vous propose un extrait de l’article du Professeur David Servan-Schreiber, neuropsychiatre paru dans la revue Psychologies : « … Il y a mille manières de montrer que la santé de la planète et la santé de chacun d’entre nous sont intimement liées. Mais si nous devions choisir « une » action, celle qui aurait le plus impact sur l’équilibre écologique, quelle serait-elle ? Moins prendre sa voiture ? Ne pas laisser couler l’eau quand nous nous lavons les dents ? Manger bio ? Mieux trier les ordures ? Non, ce serait simplement celle qui a aussi le plus grand impact positif et immédiat sur notre propre santé : manger moins de viande !
À méditer : 30 % des terres arables sont cultivées pour nourrir le bétail et c’est une des principales causes de déforestations. Les engrais et les pesticides utilisés pour ces cultures de maïs et de soja sont une des principales sources de dénaturation des sols et de la pollution des rivières. Les gaz à effet de serre émis par le bétail contribuent davantage au réchauffement climatique que l’ensemble de l’industrie du transport – le New York Times a récemment calculé que si les Américains réduisaient leur consommation de viande de 20 %, cela équivaudrait à remplacer toutes les voitures du continent par des modèles hybrides (moins polluants).
Le fonds mondial de recherche contre le cancer concluait en 2007 que la consommation moyenne de viande rouge par personne ne devrait pas excéder 500 grammes par semaine. En Europe de l’Ouest, elle est évaluée à 250 gr par jour, et la France est en tête des pays européens. Un Indien en consomme en moyenne 14 gr, et à âge égal vit en meilleure santé qu’un Occidental (moins d’Alzheimer, de cancers, de maladies cardio-vasculaires). Il est fascinant de voir comme tout est connecté ! Et que la meilleure chose que nous puissions faire pour la Terre soit aussi une des plus largement démontrée pour protéger notre santé.
En 1854, le chef Seattle des tribus indiennes du Nord-Ouest remit solennellement son territoire et son peuple à la souveraineté des États-Unis. Le discours qu’il prononça à cette occasion a servi d’inspiration, un siècle plus tard, au mouvement écologiste, qui l’a réinterprété de manière particulièrement percutante. Le testament du chef s’adresse, de façon plus pressante que jamais, aux descendants des colons blancs que nous sommes : « Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la Terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. La Terre n’appartient pas à l’homme ; l’homme appartient à la Terre. Toutes les choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Tout ce qui arrive à la Terre arrive aux fils de la Terre. »
Plus d’un milliard de bœufs, vaches, veaux et moutons vivent sur la terre, dont la presque quasi-totalité, aux fins d’être consommés. Ce bétail occupe 24 % des terres cultivées de la planète. On brûle des milliers d’hectares de forêts tropicales pour y élever des bœufs dans les ranchs à hamburger, ces hamburgers dont les Américains du Nord, consomment près de sept milliards par an. Six à huit mètres carrés de forêts sont détruits pour chaque hamburger consommé. Comme le précise le Docteur Tall Schaller, « à ce rythme, les forêts humides rétrécissent comme des peaux de chagrin et leur diminution rapide entraîne des conséquences écologiques dont tous les chercheurs décrivent les dangers. L’homme fou, mangeur de viande et buveur de lait, se suicide à petit feu et il entraîne toute la planète dans sa folie. » Nous perdons 67, 6 millions d’hectares de forêt tropicale chaque année, soit 128 hectares par minute.
Extrait du livre d’Eric Darche : "Pourquoi je n’arrive pas à maigrir ?"
Eric Darche Naturopathe
Spécialisé en nutrition ; Consulte sur RDV et conseil aussi par téléphone.
Tel : 04 42 96 33 18 www.ericdarche.com
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